Architectuur

LEGO House

Magazine Muuz • 8 novembre 2017

Qui, étant petit, n'a jamais rêvé de donner vie à ses constructions Lego® ? L'architecte Bjarke Ingels, l'a fait ! Grâce au jeune prodige de l'architecture, il est désormais possible de se balader à l'intérieur d'un assemblage de briques grandeur nature, la LegoHouse, dans la ville de naissance de l'illustre parallélépipède en plastique : Billund (Danemark).

Billund... Si ce nom ne vous dit probablement rien, il est pourtant au centre de l'industrie danoise mais également de toutes nos caisses de jeu ! En effet, combien de générations n'ont-elles pas été bercées au doux toucher des éléments Lego® ? Combien d'architectes n'ont-ils pas vu naître ainsi leur vocation ? Combien de parents n'ont-ils pas haï leur progéniture après avoir marché sur l'une de ces pièces distraitement laissées par terre ?
Pour le meilleur comme pour le pire, nous devons tout cela à Ole Kirk Christiansen, menuisier et fondateur de l'entreprise de jouets (qui ne s'appelait pas encore Lego) en 1934 qui, après avoir développé canards, yoyos et autres objets récréatifs en bois, imagine, en 1955, le système d'assemblage éponyme issu de la contraction de « LEg » et « GOdt », qui signifie à la fois « joue bien » en danois et « j'assemble » en latin. Un tour de maître pour l'entrepreneur qui, grâce à cette invention aussi simpliste que révolutionnaire, a posé sa brique à l'édifice du marché du jouet mondial et plus largement à celui de notre enfance.

Ouverte au public depuis deux semaines, la LegoHouse est décrite par Bjarke Ingels, enfant du pays, comme « une manifestation littérale des possibilités infinies de la brique de Lego ». « Littéral », c'est peu dire... Les 12 000 mètres carrés du bâtiment sont en effet répartis de manière pyramidale, dans 21 blocs rectangulaires dont la volumétrie se fonde sur celle du module en plastique. Une déclinaison qui se retrouve en 3D, donc, mais aussi en 2D par le biais du bardage omniprésent en carreaux de céramique blanche clipsés sur montants métalliques, disposé à l'intérieur comme à l'extérieur. Si la construction réinterprète le jeu qui a fait le succès de la firme, sa conception n'a pourtant rien d'enfantine. En effet, pour maintenir entre elles les 21 masses géométriques, sans utiliser de colonnes en partie centrale, le maître d'œuvre a recours à la technique de la voûte, à grands renforts de 900 tonnes d'acier. Depuis le vaste hall de 2 000 mètres carrés où l'empilement des parallélépipèdes est clairement revendiqué, aucun élément porteur ne trouble donc la vue et les circulations des 250 000 visiteurs attendus chaque année par l'institution. « Cet assemblage est possible en Lego, mais moins en réalité », livre, un brin amusée, Trine Nissen, chargée des relations presse de la marque – même si cette bévue structurelle a retardé le chantier d'un an.

Implanté à Billund, que l'on pourrait qualifier de Ville Lego® – où l'organisation a même installé un aéroport et un parc d'attraction –, l'équipement ludique se devait d'être en partie ouvert à tous, mais aussi à leurs bourses... avec trois restaurants et une boutique. Dès lors, parmi les douze toit-terrasses aménagés, huit sont publiques et accessibles sans ticket d'entrée – dont deux en gradins –, grâce à des circulations qui s'enchaînent en spirales. Ces belvédères sont accessibles depuis le parvis paysagé qui entoure le bâtiment ou par le biais du vaste hall du rez-de-chaussée où un ascenseur mène au sommet du temple Lego® : la plateforme coiffant la Masterpiece gallery, point culminant, clé de voûte structurelle et lieu de départ d'une expérience immersive dans le monde de la petite brique.

Accéder à cette salle constitue en effet un chemin initiatique, qui commence au rez-de-chaussée, au centre du forum (après s'être délesté de 199 couronnes, soit un peu moins de 27 euros), avec un escalier monumental suspendu, s'enroulant autour d'un arbre en Lego qui a nécessité de 6,3 millions de pièces, 24 350 heures de travail et 3 ans de montage par des petites mains. Une fois arrivés en haut, dans cet espace dont les oculi vitrés s'inspirent des huit excroissances rondes du fameux pavé, les visiteurs découvrent les créations les plus déjantées des fans de Lego®, surnommés AFOLs – comprendre Adult Fan Of Lego®. Il dessert ensuite de manière hélicoïdale quatre aires situées en contrebas, surnommées « zones d'expériences », dont la couleur fait référence aux teintes historiques du jouet et correspond à une qualité humaine à stimuler : rouge pour la créativité, bleu pour les compétences cognitives, vert pour le développement des liens sociaux, et le jaune pour l'émotion. Dans ces surfaces ouvertes et éclairées par des puits de lumière zénithaux, petits et grands peuvent entre autres créer leurs propres cités, inventer des personnages, développer un film en stop-motion, confronter leurs bolides, dans un décor ponctué d'éléments de mobilier en Corian®, résine composite résistant au temps mais surtout aux enfants !


« Toutes les activités sont liées à notre philosophie selon laquelle le jeu créatif favorise l'innovation. La LegoHouse nous permettra d'offrir aux adultes et aux jeunes invités la possibilité de stimuler la créativité et l'apprentissage. » Jesper Vilstrup, directeur général de la LegoHouse

Et pour les plus curieux, un espace d'exposition disposé au sous-sol retrace l'histoire de la société et de ses différentes inventions. Finalement, l'illustre système d'assemblage ne mériterait-il pas lui aussi sa place au Panthéon du design, aux côtés des créations de Kaare Klinte, Hans Wegner, Poul Henningsen, ou encore Arne Jacobsen ?

Un édifice qui ravira toutes les générations par la qualité de ses espaces et la multitude d'activités qu'elle propose, mais dont la littéralité de composition n'a d'égale que l'omniprésence du marketing. Quand celui-ci dépasse le plaisir de jouer, ce sont une partie de nos souvenirs d'enfance qui s'envolent avec.

Pour en savoir plus, visitez le site de BIG et de la LegoHouse